Il est vrai qu’Aliénor eut droit à beaucoup d’attention de ma part, bien sûr, mais aussi de celle de ses parents.
Me lever plusieurs fois par nuit c’était dans mes habitudes, la nourrir plusieurs fois par jour aussi. Mais, entre ces moment-là, le futur Guillaume X et sa femme n’hésitaient pas à me laisser beaucoup de liberté et d’autonomie. De ce fait, je devais sans doute attiser les jalousies des autres servantes et des domestiques présents chez les ducs. Je ne me souviens plus des voyages dans le détail mais je sais que je suivais la famille ducale dans ses nombreux déplacements, surtout entre Poitiers et Bordeaux. La vie au côté du futur Guillaume X et de son père fut très rythmée.
Les banquets, les poésies, les chansons et les danses se succédaient.
Quelle joie d’avoir pu y assister !
Cela ne manqua pas de joie de vivre pour sûr ! Beaucoup de troubadours se succédèrent à la cour de Guillaume IX quel plaisir d’avoir pu les entendre, ainsi que lui le plus grand d’entre eux, entonner leurs chants. L’amour courtois, ils appelaient cela la fin’amor, qu’ils dépeignèrent avec tant de justesse résonnent encore dans mes oreilles. Après la mort de Guillaume IX, Guillaume X, même s’il ne chantait pas continua à tenir de grandes cours. Cercamon et Marcabru furent les plus grands troubadours jamais vus à sa cour. Le mécénat de ces grandes figures étaient emblématiques de leurs idéaux. Au fond, j’en suis persuadée aujourd’hui, cette atmosphère de liberté et de légèreté a dû forger le caractère que l’on connaît bien de la petite Aliénor. Ah mais c’est plus fort que moi je la vois encore comme ce petit bébé que j’aimais tant.
C’est ainsi que la vie de château fut rythmée : beaucoup de mouvements, beaucoup de banquets, de poésies, l’amour de la Dame en tant que figure emblématique forgea ma vie et celle de la petite Aliénor. ✍︎
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