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1er série : Le rôle de la nourrice au Moyen Âge

Dernière mise à jour : 29 avr. 2019

Embauche chez les ducs d’Aquitaine - Mon témoignage

enluminure de Maître de Boèce XVe siècle © BnF

Je me souviens du jour où je suis entrée chez les ducs d’Aquitaine. J’avais été recommandée pour devenir la nourrice du premier enfant d’Ainor de Châtellerault et de Guillaume X mais il fallait que je leur convienne. À l’époque, ils n’étaient pas encore duc et duchesse d’Aquitaine, c’était le grand Guillaume IX qui régnait. J’ai été reçue dans une grande chambre où la future duchesse assise au côté de son mari était déjà arrivée à son troisième trimestre. Des tapisseries ornaient les grands murs de pierre, les couleurs chaudes faisaient ressortir la noblesse des broderies. Des scènes de combats entre chevaliers au centre de l’action avaient attiré mon attention. On se sentait accueilli au sein de leur maison. Leur attitude était chaleureuse à mon égard. Ils me considéraient avec toute la noblesse de leur rang mais avec respect et dignité.


Je devais cependant être préparée à toutes les éventualités.

Ces figures m’intimidaient mais j’étais confiante quant à ma candidature. À l’époque, devenir nourrice chez les ducs d’Aquitaine était assez prestigieux, je voulais faire bonne impression afin d’être choisie par cette famille. Le futur Guillaume X ressemblait à son père, Guillaume IX. Il avait les mêmes traits de visage, la même stature, la même énergie se dégageait de lui. Ainor, quant à elle, était très élégante. Je me souviens qu’une coiffe blanche recouvrait ses tresses. Sous une robe jaune brodée d’or et d’argent se dessinait son ventre rond. Elle me regardait avec bienveillance et je savais qu’elle allait me poser des questions assez précises sur la manière dont j’allais m’occuper de son nouveau-né. Le futur Guillaume X m’en posa sur mes habitudes, mon hygiène de vie. Il me demanda si je connaissais des poèmes ou des contes à réciter aux enfants. Ainor me questionna ensuite sur ce que je connaissais du rythme de vie des jeunes enfants et sur la qualité de mon lait.


Pour ma part, je n’étais pas laide et je pensais avoir assez d’esprit pour inculquer les bonnes manières à l’enfant qui allait naître.

Je connaissais bien l’allaitement, ma mère était nourrice avant moi. Nous avons toujours eu un rapport tendre et respectueux vis-à-vis des enfants en bas âge, nous nous efforcions de stimuler leur esprit, de les éveiller par de multiples activités. J’étais gaie de nature mais je m’étais efforcée à l’être davantage encore afin de ne pas rendre les enfants tristes à mon contact. J’étais consciente de la place que j’allais occuper si j’étais prise. J’essayais de montrer mes compétences et mes qualités en répondant aussi respectueusement que possible et avec enthousiasme afin que les futurs duc et duchesse puissent voir en moi la nourrice de leur enfant.


Quelques heures après mon entretien, Guillaume IX me convoqua. Il me salua et demanda à ce que l’on me montre mes appartements. Je ne savais pas très bien ce que cela voulait dire. J’étais si jeune à l’époque. J’en déduis qu’ils avaient pris leur décision assez rapidement afin que je puisse m’installer au plus vite pour l’arrivée de l’enfant. Les autres candidates durent rentrer chez elles aussi rapidement qu’elles étaient arrivées. Je ne m’en souviens pas mais, par contre, je me souviens que je fus installée dans une chambre où un berceau se trouvait déjà près de mon lit, juste à côté. J’étais fière de ma position – moi la vingtaine et déjà nourrice chez les ducs d’Aquitaine, que rêver de mieux ?

Ma mémoire n’est plus ce qu’elle était, elle me joue des tours. Je ne me souviens plus exactement de l’année où la petit Aliénor est née, était-ce en 1122 ou 1124 ?


Enfin, je vous ferai raconter cela dans le prochain billet. À bientôt pour de nouvelles histoires ! ✍︎
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